Gave

 

Fraichement arrivé à Jurançon, pour Poésie dans les Chais, demain à La Maison Carrée de Nay. Lecture, vidéo, performance autour du texte de Cole Swensen, essai poétique autour du Gave de Pau.

Dans le bulletin de l’Académie de Béarn de Janvier 2022 on pouvait lire ce petit texte par Paul Mirat.

De tout temps, le Gave de Pau a inspiré les artistes ; des peintres comme Victor Galos, Pierre Corse ou Victor Petit ont tenté d’en saisir les tons aériens. Puis les vues en sépia, multipliées presque à l’infini, contribuèrent à la fortune des éditeurs de cartes postales. Et surtout n’oublions pas les poètes, Supervielle, Jammes ou bien-sûr Toulet qui le convoquait encore, sur son lit de mort :

« Ce n’est pas drôle de mourir
Et d’aimer tant de choses :

Le Gave où l’on allait nager
Enfants sous l’arche fraîche
Et le verger rose de pêches… » .

Aujourd’hui, c’est au tour de la poétesse et essayiste américaine, Cole Swenden, de publier un très beau recueil sobrement intitulé Gave. La jeune femme vit à cheval entre le Rhode-Island où elle enseigne la création littéraire à Brown University, Paris et le Béarn. Une grande partie de son travail s’ancre en France où ses poèmes, traduits dans notre langue, sont publiés habituellement chez José Corti.
Cole a découvert le Béarn grâce à deux résidences d’artiste (2014 et 2015) orchestrées par Didier Bourda, dynamique cheville ouvrière de l’association Poésie dans les Chais.
Entre les nombreuses lectures et rencontres littéraires organisées en son honneur pendant ses deux séjours palois, Cole a longé le Gave, sillonné les régions qu’il traverse, appris leur histoire et découvert les habitants, la faune et la flore locales. L’opus Gave est né là.
Le texte bondit et tourbillonne, prose et poésie intimement enlacées. Prenant sa mission très à coeur, Cole a scruté, étudié, rêvé, écouté puis tissé cet écheveau d’histoires séculaires, butinées au fil du torrent. On l’a vue se promener, s’interroger et même rêver au bord du Gave, depuis son berceau minéral au coeur des monts
perdus jusqu’aux douces berges de l’Adour, bordées de barthes généreuses. Dans sa quête, la poétesse cerne subtilement les habitants et se passionne pour leur relation intime avec ce Gave, devenu « leur » rivière. Elle s’épanche aussi en s’extasiant devant la douceur des choses :

« Le temps peut-être rendu uniquement par la couleur.
La douceur incroyable de l’air
en ce pâle vert-gris, ce rose gris,
et tous ces gris complexes de l’eau, des cieux,
un
canard décollant, un bateau
remonté sur la berge, rames rangées,
et le ciel,
maintenant, partout. »